Nous allons parler aujourd’hui d’un phénomène qui touche un grand nombre de personnes sans distinction d’origine, de culture, d’éducation ou de niveau social. Je vais vous parler du Syndrome de l’imposteur également appelé Complexe de l’imposteur. Dans cet article, je vais dans un premier temps présenter le syndrome de l’imposteur et ses caractéristiques, avant de parler de ses manifestations et de ses conséquences au quotidien. Puis, nous verrons le profil de ses nombreuses victimes, avant d’envisager finalement quelques pistes de solutions. Je vous invite à découvrir sans plus attendre comment surmonter le syndrome de l’imposteur ?
Définitions et Généralités:
Avant de parler du syndrome de l’imposteur, il est important de définir tout d’abord ce que
c’est qu’un imposteur (un vrai). Un imposteur est un individu qui trompe volontairement son
entourage sur son identité, ses compétences, ou son rôle. Il manipule intentionnellement les autres pour obtenir ce qu’il veut. S’il veut exercer un métier, il va par exemple produire de faux documents prouvant des qualifications qu’il ne possède pas officiellement. Il va s’adapter à son entourage pour aboutir à ses fins. Voici de façon sommaire les caractéristiques d’un imposteur. Dans le cas du syndrome de l’imposteur (ou complexe de l’imposteur), il ne s’agit pas d’une réelle imposture mais plutôt d’un sentiment d’illégitimité ressenti par les victimes de ce syndrome. Lorsque nous en sommes atteints, nous avons une petite voix intérieure qui nous dévalorise et nous fait douter de nos réussites. En d’autres termes, bien que nous affichions une belle réussite professionnelle et/ou relationnelle nous sommes convaincus d’être nul(le) et pas digne de la confiance et de l’intérêt que l’on nous témoigne. Ce sentiment de ne pas être à sa place et de ne pas mériter tout ce qui nous arrive trouve ses origines très tôt dans notre enfance.
Origines
Notre environnement familial:
Selon notre culture et notre éducation, nous allons recevoir des messages porteurs de valeurs comme l’humilité, le mérite, l’altruisme, le goût de l’effort, etc. Le résultat est qu’à l’âge adulte, nous développons certaines valeurs et croyances.
Prenons l’exemple de celle assez commune « si tu réussis sans effort, tu n’as aucun mérite » qui dérive facilement en « ce n’est pas juste pour ceux qui gagnent péniblement leur vie ». Pour celui qui entend ce discours régulièrement, les personnes qui gagnent généreusement leur vie dans des métiers dits « non physiques » n’auront pas de mérite, car ils considéreront cela comme trop facile voire injuste. Des enfants ayant grandi dans ce contexte auront certainement des difficultés à envisager de se lancer dans certains types d’activités qui correspondent à cette croyance. Afin de nous motiver (pensent-ils), nos parents nous comparent aux autres qui réussissent, et nous mettent indirectement en compétition, ce qui peut s’avérer difficile à vivre pour nous, surtout lorsque « les autres » sont des membres de notre famille (frères et sœurs). Puis arrive le regard pas toujours encourageant de notre famille lorsque nous montons des projets qui leur semble difficile « Franchement, je n’étais pas convaincu que tu y arrives ». Ce manque de confiance de la part de nos proches en nos capacités, peut aboutir à une faible estime de nous et à un manque de confiance en nos capacités.
Notre environnement socio-éducatif:
Les remarques que nous recevons au cours de notre apprentissage auront tendance à se focaliser davantage sur les erreurs (à la recherche de la perfection), au lieu de se focaliser sur les réussites (aussi infimes soient-elles). Conséquence, nous allons développer la peur de l’échec, la recherche de la perfection, la peur du jugement des autres et surtout l’envie de plaire qui va avec. Un enfant qui grandit avec des remarques majoritairement négatives de son entourage et dans un environnement peu valorisant ne saura finalement pas identifier ses qualités, ses compétences, encore moins ses capacités.
Manifestations au quotidien
Nous doutons de nous et de l’aboutissement de nos actions. Nous doutons de nos compétences et de nos qualités. Certains penseront même qu’ils n’ont aucune légitimité pour écrire un livre, monter un projet, lancer une entreprise dans un domaine où ils manquent de qualification, briller dans un domaine qui n’est pas celui de leurs études, de gagner beaucoup d’argent alors qu’ils n’ont pas fait de grandes études. Ils auront le sentiment d’être des usurpateurs. Aussi, dans nos comportements au quotidien :
- Nous sommes très modestes (parfois trop modestes),
- Nous nous dévalorisons, nous nous dénigrons, nous dénigrons nos bons résultats en les attribuant à la chance, à notre bonne étoile ou à notre réseau,
- Nous manquons de confiance en nous et parfois en les autres. En effet, ce sentiment peut aller jusqu’à nous faire penser que ceux qui sont autour de nous ne sont pas toujours sincères dans leurs retours positifs à notre égard, qu’ils nous disent des choses gentilles juste pour nous faire plaisir,
- Nous nous focalisons plus sur les messages négatifs que les positifs,
- Nous avons une tendance au perfectionnisme,
- Nous développons la procrastination (liée au perfectionnisme),
- Nous subissons un mal-être social,
- Etc.
Profil des Victimes
Une grande partie de la population en est touchée, sans distinction de niveau d’études, de compétences professionnelles ou relationnelles. Hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, riches et pauvres, cultivés ou pas, nul n’est à l’abri de douter de soi, d’avoir le sentiment d’être un usurpateur et de ne pas s’attribuer le mérite de ses succès. Dans la vie courante, en tant que parent par exemple, on peut avoir l’impression de ne pas être un bon parent, de ne pas avoir la bonne méthode pour éduquer ses enfants, etc. Nous pouvons tous être impacté par ce complexe à tout moment de notre vie, et ce, quelle que soit notre expérience.
Moteur ou Frein ? « Les deux mon Capitaine »
Moteur
Les personnes qui doutent de leur légitimité se disent qu’elles doivent travailler encore plus pour la prouver et en être digne, pour correspondre à l’image que l’on se fait d’elles. Elles vont donc aller plus loin dans l’abnégation, l’obstination et la qualité du travail fourni. Après une formation par exemple, elles vont enchaîner d’autres formations complémentaires et des certifications pour enrichir leur parcours et prouver leurs compétences par l’accumulation de diplômes.
Frein
Si le syndrome de l’imposteur peut être considéré comme une protection, une espèce de modestie qui nous protège de la prétention, il peut également présenter certaines limites. En effet, le fait de s’investir plus que d’autres dans la tâche est nourri par la peur d’être démasqué, au lieu de se nourrir du plaisir que l’on a à réaliser la tâche. De plus les personnes atteintes du syndrome de l’imposteur vont avoir des difficultés à prendre des risques, des difficultés à évoluer sereinement dans différents domaines de leur vie aussi bien personnelle que professionnelle. A long terme, le prix à payer est cher : une grande anxiété, voire la dépression.
Est-ce pathologique ?
NON
Comment surmonter le Syndrome de l’Imposteur
Que ce soit dans le milieu professionnel ou personnel, vous pouvez aider celles et ceux qui vous entourent (quel que soit leur âge) à développer plus de confiance en eux et en leurs capacités. S’ils sont déjà « prisonniers » de ce complexe, vous pouvez les aider à en s’en libérer progressivement grâce à votre regard bienveillant sur eux et leurs actions. Si vous leur faites des critiques, celles-ci doivent être positives et reposer sur des faits objectifs et observables.
Ces critiques peuvent également reposer sur des comportements mis en place et les résultats ainsi obtenus. Exemple d’un parent à son enfant :
« Depuis que tu travailles tes exercices de Maths tous les soirs, tes notes se sont nettement améliorées, je te félicite et t’encourage à poursuivre ainsi».
Plutôt que de focaliser votre attention sur les erreurs et les échecs, vous devez toujours valoriser le positif dans ce que font vos interlocuteurs qu’ils soient petits ou grands. J’ai déjà fait un article sur la manière de formuler des critiques positives (Cliquez ici pour le lire)
Et lorsqu’il s’agit de vous, si vous avez le sentiment d’en souffrir vous-mêmes, vous avez plusieurs pistes qui se présentent. Nous allons vous suggérer cinq solutions plus ou moins simples à mettre en place. Chacune d’elle nécessite un travail approfondi. Vous pouvez le faire seul(e) ou solliciter l’aide d’un expert en développement personnel.
Piste # 1
Travaillez sur vos succès dans tous les domaines de votre vie peu importe leurs tailles. Pour cela, faites la liste de tout ce qui a marché aujourd’hui, cette semaine, ce mois-ci, cette année, etc. En faisant cet exercice, vous verrez que vous avez de quoi être fier tous les jours. Cela va améliorer votre niveau de confiance en vous.
Piste # 2
Concentrez-vous sur le plaisir de ce que vous faites, ou sur ce que vous apportez aux autres, sans vous poser la question de votre légitimité. Je suis coach professionnel diplômé universitaire. Je connais des collègues coachs sans aucune formation universitaire qui sont très pertinents dans leur accompagnement. Ils aident plusieurs dizaines de personnes par an, sans être passé par des circuits académiques. Donc si vous êtes dans les métiers de l’accompagnement par exemple, et que ceux et celles qui vous consultent ont des résultats, qu’est-ce qui est finalement le plus important, vos résultats ou vos diplômes ? C’est à vous de voir.
Piste # 3
Acceptez les refus, les échecs et les critiques, et avancez. Vous connaissez certainement J.K.Rowling ; il lui aura fallu le refus successif de douze maisons d’édition avant que le premier tome de la série Harry Potter A l’école des sorciers ne soit accepté par Bloomsbury Publishing en août 1996, et publié en 1997. Divorcée d’un mari violent avec une enfant à charge, licenciée, en dépression depuis la mort de sa mère, J.K. Rowling entame quand-même l’écriture de son roman à destination d’un public adolescent. Elle essuie de nombreux refus et de nombreuses critiques avant de voir la publication du premier tome, puis le reste de la série entière, les adaptations au cinéma, et le succès de tous les produits dérivés. Si elle avait cédé à la pression des premiers refus, elle aurait abandonné son projet. Aujourd’hui, elle assume totalement ce succès, et reverse une bonne partie de ses recettes à des associations caritatives œuvrant pour la protection des enfants. Faites-vous confiance.
Piste # 4
Surveillez votre discours interne. Lorsqu’il est dévalorisant envers vous, n’hésitez pas à le remettre en question. Si vous pensez que vous êtes nul(le), faites la liste des preuves objectives qui mettent en perspective cette pensée. Cherchez donc des faits objectifs ou matériels qui prouvent que vous ne valez rien. En faisant cet exercice, il y a de fortes chances que vous trouviez plutôt des preuves du contraire. Certains peuvent refuser ou repousser des promotions professionnelles car ils ont peur de ne pas être à la hauteur du poste qui leur est proposé, étant convaincu de ne pas avoir les compétences requises pour le poste.
Piste # 5
Développez votre estime et votre confiance en vous. Cela vous aidera à reconnaître votre valeur, à accepter vos imperfections et à relativiser votre besoin de reconnaissance. Ce qui fait votre valeur, ce n’est pas l’épaisseur de votre portefeuille ou l’importance de vos acquisitions matérielles, ce n’est pas non plus le nombre de vos diplômes, mais le simple fait que vous existiez. Diriez-vous qu’un nouveau-né manque de valeur puisqu’il ne contribue pas encore économiquement à la société et qu’il n’a aucun diplôme ? NON !
Conclusion
Le syndrome de l’imposteur c’est la conviction de ne pas être à sa place, de ne pas être légitime malgré tous les éléments objectifs qui pourraient prouver le contraire. Les personnes atteintes de ce complexe peuvent être compétentes, intelligentes, brillantes et reconnues dans certains domaines, mais au fond d’elles-mêmes, elles ont le sentiment d’être des imposteurs.
Pour le surmonter, il vous faut faire un travail sur votre estime, confiance et affirmation de soi. Vous devez avoir un regard objectif sur votre parcours, et ne pas céder aux émotions désagréables qui ne mettront en lumière, que les aspects négatifs de votre vie, tout en suscitant en vous des doutes et des remises en question permanentes.
Peut-on s’en libérer définitivement ? Certainement sur le long terme, même si le sentiment d’imposture reste toujours là. On apprend surtout à mieux vivre avec, on apprend à se faire confiance, et à accepter ses imperfections. C’est ce qui vous rendra unique et légitime. Je terminerais cet article en vous parlant d’une imperfection bien célèbre aujourd’hui. Connaissez-vous d’autres campaniles aussi célèbres que la Tour de Pise ? Qu’est-ce qui l’a rendue aussi célèbre ? Son imperfection. Alors acceptez d’être imparfaits et heureux d’être qui vous êtes, heureux de faire ce qui vous plaît.
Et vous, dans quel domaine vous sentez-vous parfois en imposture ? comment vous faites pour surmonter ce sentiment au quotidien ?
Merci de nous partager vos solutions, et de partager cet article à ceux et celles à qui il pourrait être utile.